Le règne du krill

En collaborant avec des scientifiques, Hurtigruten Expeditions contribue aux études tentant d’expliquer comment cette minuscule créature gouverne l’Antarctique.

SHANEY HUDSON

Les scientifiques qui travaillent en Antarctique font face à de nombreuses problématiques urgentes. Le changement climatique. Le réchauffement climatique. Les microplastiques. Mais certains des scientifiques qui travaillent sur le continent le plus austral du monde se posent des questions scientifiques tout autres : comment fixer une caméra sur un manchot ?

« Nous utilisons des matières de pointe pour fixer nos caméras, » explique Elling Johannessen, biologiste marin de l’Université de Tromsø, en Norvège. « Du ruban adhésif et de la super glue, essentiellement. »

L’idée des selfies de manchots semble cocasse, et pourtant, la fixation de caméras d’enregistrement sur ces oiseaux marins fait partie des méthodologies utilisées dans le cadre d’une étude scientifique menée sur plusieurs années et soutenue par Hurtigruten Expeditions. Si ce sont les manchots qui se chargent des vidéos, l’étude s’intéresse en fait à leur proie : le krill.

Petit, mais costaud

Les minuscules crustacés appelés krill sont un maillon essentiel de la chaîne alimentaire en Antarctique. Il s’agit de la première source de subsistance de prédateurs allant des manchots aux baleines et, de plus en plus, des humains. La mesure de sa répartition et de son abondance aide les scientifiques comme Elling Johannessen à mieux évaluer la santé globale de l’environnement.

La glace de mer est vitale pour le cycle de vie du krill et l’accélération de la fonte des glaces dans les régions polaires fragiles pourrait entraîner des conséquences considérables pour les animaux migrateurs dépendants de cette source d’alimentation.

« L’étude de la principale source d’alimentation de l’ensemble de l’écosystème fournit aux chercheurs des informations cruciales sur ses variations naturelles et l’effet du changement climatique, » explique Elling Johannessen, qui mène des recherches sur les mammifères marins et a passé six semaines à bord du MS Fram, l’un des navires Hurtigruten Expeditions équipés de la certification glace.

« Nos navires constituent des plateformes idéales offrant les meilleures opportunités aux chercheurs, non seulement pour atteindre ces régions, mais aussi en tant que bases de recherche, » ajoute le Dr Verena Meraldi, responsable scientifique chez Hurtigruten Expeditions.

« Nos navires constituent des plateformes idéales offrant les meilleures opportunités aux chercheurs, non seulement pour atteindre ces régions, mais aussi en tant que bases de recherche. »

— Dr Verena Meraldi

Des structures de soutien flottantes

Les scientifiques et compagnies de croisières qui sillonnent les régions polaires ont tissé des liens de plus en plus étroits au fil des années, et de nombreux navires dotés de la certification glace contribuent aujourd’hui à la science de manières variées ; du transport à la logistique, en passant par la collecte de données par les passagers dans le cadre des projets de science participative.

« Notre collaboration avec Hurtigruten Expeditions a été pour nous l’occasion unique d’étudier plusieurs parties de l’écosystème antarctique sur une brève échelle temporelle, » poursuit Elling Johannessen. « Nous avons travaillé sur une base mensuelle, et non annuelle, ce qui nous a permis de recueillir de précieuses informations pour mieux comprendre les dynamiques du système. »

Le premier projet de la compagnie consistait à assister des scientifiques qui surveillaient les populations de manchots à jugulaire sur place, sur Deception Island. Située dans les îles Shetland du Sud, c’est l’un des sites de débarquement les plus impressionnants de l’Antarctique : les navires traversent la caldeira inondée d’un volcan actif qui abrite également une station baleinière abandonnée et une colonie de manchots.

« Les manchots chassaient pendant deux à trois jours de suite et entreprenaient des périples qui les menaient à 80 ou même 90 km de leur colonie, » raconte le Dr Meraldi. « Mais on observait un comportement différent pendant la couvaison. Ils chassaient alors pendant moins de 24 h et s’éloignaient à 30 km au maximum de leur colonie.

« Nous avons donc observé une différence considérable des habitudes de chasse entre le moment de l’incubation, lorsqu’ils doivent simplement couver les œufs, et la période où les poussins éclosent et demandent davantage d’attention. »

L’observation des observateurs

Tandis que les scientifiques utilisent le navire en tant que précieux outil de soutien logistique, les passagers des Hurtigruten Expeditions peuvent en profiter pour observer et comprendre la recherche scientifique en cours, en temps réel : les procédures, la technologie et les difficultés qui occupent les scientifiques au quotidien, mais aussi leurs résultats.

Les passagers à bord du navire qui ramenait les scientifiques à Ushuaïa ont été les premiers à qui ont été révélés les résultats des recherches menées sur les manchots, lors de l’une des conférences les plus attendues de l’histoire de Hurtigruten Expeditions.

« Il a été formidable pour nos passagers et notre personnel d’être les tout premiers au monde à découvrir les résultats de cette étude », s’enthousiasme le Dr Meraldi.

La saison suivante, les scientifiques ont étudié le krill à l’aide de relevés hydroacoustiques réalisés depuis les navires. Cette méthode permet de calculer la rétrodiffusion de la biomasse de krill dans les eaux environnantes. Les coopérations entre les scientifiques et Hurtigruten Expeditions, qui se poursuivent d’année en année, chaque été antarctique, renforcent la validité de ces données.

« Effectuer cette opération une seule fois permet d’évaluer la population de krill », explique Johannessen. « Mais le plus important, c’est de surveiller les changements, en réalisant ces études sur de longues périodes. »

Des recherches essentielles

Les implications des données recueillies sont significatives, car elles sont présentées à la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’​Antarctique qui formule des recommandations sur la gestion des pêcheries en Antarctique.

« Le chevauchement entre les zones de pêche et les sites d’alimentation pour les prédateurs dépendants du krill pendant les périodes cruciales de leur vie pourrait être un problème potentiel, » explique Elling Johannessen. « Juste après la naissance des poussins de manchots ou des bébés phoques, par exemple. »

Bien que le krill constitue de minuscules proies, le Dr Meraldi souligne qu’il s’agit d’un indicateur crucial de la santé de la région antarctique. Le moindre changement affectant l’environnement polaire fragile pourrait avoir un impact considérable.

« Dans un monde en équilibre, » poursuit-elle, « le moindre changement affecte tous les autres aspects liés à cet élément minuscule. »

En savoir plus sur les initiatives de Hurtigruten Expeditions consacrées à la recherche et au développement durable.